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1]
Mag Asspro
n° 26
octobre 2013
Des experts à vos côtés
regards croisés
Un partenariat pionnier
pour la prévention des risques
Zoom sur
Le consentement éclairé
2]
Éditorial
Chers confrères,
Je suis particulièrement heureux de vous présenter votre revue
Asspro Mag dans sa nouvelle version, qui, je l’espère vous plaira.
L’année 2013 restera une année charnière pour Asspro. Plusieurs
chantiers importants ont été réalisés ou sont sur le point
de s’achever :
• le lancement des nouveaux sites Internet Asspro (www.asspro.fr)
et Asspro Scientifique (www.assproscientifique.fr) ;
• le transfert du siège de votre association à Paris, dans des
locaux mieux adaptés et qui vous sont bien entendu ouverts si
vous le souhaitez ;
• la refonte des journées de prévention par spécialité, avec
la participation des Organismes Agréés. Grâce à ces partenariats,
la plupart des journées Asspro feront partie intégrante
du parcours d’accréditation ;
• la mise en ligne des fiches d’information préopératoire,
d’un document de consentement éclairé et d’un modèle
de questionnaire pré-anesthésique (téléchargeable depuis
le site d’Asspro Scientifique). À ce jour près de 200 fiches sont
disponibles en chirurgie orthopédique et du rachis, générale et
gynécologique ;
• ces fiches d’information seront complétées avant la fin de l’année
par une version électronique, avec archivage sécurisé, pour
laquelle Asspro a réalisé un important investissement afin d’offrir
cette possibilité à l’ensemble des adhérents ;
• le démarrage du MTT (Medical Team Training) qui, en prolongement
des check-lists existantes, a pour but de prendre en compte
le facteur humain si souvent en cause dans les sinistres, en formant
l’ensemble de l’équipe médicale à la gestion des risques.
À côté de ces réalisations, l’ensemble des activités Asspro tant
en termes de formation que de défense des adhérents s’est
poursuivi et se poursuivra en 2014.
Vous trouverez dans ce numéro le calendrier des journées.
Rappelons que l’assistance d’un praticien 7j/7 24h/24 en cas
d’urgence médicolégale reste une exclusivité de ce système,
qui semble très utile au vu de la fréquentation enregistrée !
Comme vous le voyez votre association est extrêmement active,
elle est à votre service et nous sommes bien entendu à l’écoute
de vos remarques, critiques ou suggestions.
En vous remerciant de votre fidélité.
Très cordialement.
•
Dr Antoine Watrelot
Président d’Asspro
Directeur de la publication : Dr Antoine Watrelot
Rédacteur en chef : Dr Géraldine Chauvin
Rédacteurs : Régis de Closets, Dr Étienne Olivry
Secrétariat de rédaction : Publicis Care
Imprimé par IDJ Graphic • Photos : © Thinkstock, © Getty Images
Conception graphique : Luciole - octobre 2013
Une réhabilitation
opératoire accélérée
pour un risque mieux
maîtrisé ?
De plus en plus déployés chez nos
voisins européens pour réduire
la durée de séjour en hôpital,
les protocoles de « Récupération
Rapide Après Chirurgie » (RRAC)
ou « Fast Track Surgery » constituent
des méthodologies de réduction
des risques opératoires qui sont
regardées de près par de nombreux
services hospitaliers France.
Initiée au Danemark au début des années 2000,
la RRAC vise en effet à optimiser les différentes
étapes de la prise en charge, limitant les facteurs
de stress et les gestes susceptibles de prolonger le
séjour sans bénéfice réel. Selon une récente étude
conduite à l’hôpital Cochin, à Paris, un protocole
RRAC réduit la durée moyenne d’hospitalisation
de 3,8 à 0,4 jour. La maîtrise du stress opératoire
diminue le risque d’infections nosocomiales et favorise
donc un séjour plus court en moyenne.
Plus encore que les recommandations spécifiques,
c’est la refonte de l’organisation autour
du patient qui constitue le coeur des protocoles
RRAC. Les clés de la réussite ? Une vraie approche
pluridisciplinaire des intervenants et une information
au patient explicite et complète permettant plus
d’anticipation et de sécurisation.
En Grande-Bretagne, l’emploi de protocoles de
RRAC pour la chirurgie totale de la hanche ou de
la prothèse du genou bénéficie depuis 2011 d’une
tarification incitative. En France, des groupes de
cliniques privées commencent à déployer ces
protocoles. En attendant une mise en pratique plus
large ? À suivre…
3]
Gynérisq-Asspro
Un partenariat pionnier pour la prévention
du risque gynéco-obstétrical
Gynérisq a vu le jour en 2007, sous la tutelle de la HAS, avec pour objectif
d’organiser la gestion des risques en g ynécologie-obstétrique.
C’est dans cette démarche que Gynérisq
a signé une convention pionnière avec
Asspro et le Cabinet Branchet. Ce partenariat,
qui favorisera le partage des données
sur les situations à risque, EPR et rapports
anonymisés d’expertise, permettra d’engager
des actions de prévention communes.
« C’est un partenariat pionnier pour notre
structure, qui souhaite s’ouvrir à d’autres
acteurs de la prévention pour mieux appréhender
nos facteurs de risques et développer
de nouveaux outils de prévention »,
explique Bertrand de Rochambeau, gynécologue-
obstétricien et expert chez Gynérisq.
Depuis son lancement, Gynérisq travaille à
mieux connaître le risque de la pratique en
obstétrique et en chirurgie gynécologique, et
accompagne les praticiens dans leur démarche
d’accréditation. L’association a ainsi constitué
une base de données exceptionnelle sur les
facteurs de risque liés à la pratique, nourrie
de plus de 10 000 EPR adressés par ses
membres. Cette expertise permet à la structure
de diffuser des fiches de prévention « Gynérisq’Attitudes
» (sur les ruptures utérines, les
hémorragies post-partum…), des messages
d’alerte sur l’apparition de nouveaux risques
et d’organiser des formations et simulations ou
d’engager des travaux de recherche.
Nous avons une philosophie de la prévention proche d’Asspro,
témoigne Bertrand de Rochambeau. Notre partenariat ouvre
de nombreuses perspectives prometteuses.
•
5 032
gynécologues obstétriciens
(source : répertoire ADELI).
•
2 010
praticiens adhérents
à Gynérisq, dont plus de
80 % sont des libéraux.
•
Une réduction
de 2/3
de la mortalité maternelle liée à
la prise en charge obstétricale :
c’est ce que permettrait une
meilleure prévention.
•
1 494
gynécologues obstétriciens
accrédités fin 2012 sur avis
favorable de Gynérisq (soit
après 4 ans de programmes
validés).
Parmi les causes profondes
de 9 000 événements
indésirables déclarés en
2011 (analysés selon la
grille ALARM** - source
HAS ).
•
25,6 %
sont liées à l’équipe, dont
34,7 % à la communication
entre professionnels.
•
22,9 %
sont liées aux tâches à accomplir.
•
14,6 %
sont liées à l’environnement
de travail.
**Cette grille classe l’ensemble des
causes racines en 7 catégories : patient,
tâches à accomplir, soignant, équipe,
environnement de travail, organisation
et management, contexte institutionnel
Travail en équipe
Des nouveautés encourageantes ?
Les nouveaux dispositifs de valorisation des
équipes promus par la HAS devraient renforcer
la prévention des risques au sein des services
médicaux. Décryptage avec Sophie Garcelon,
déléguée générale d’Asspro Conseil*.
Équipe et prévention des risques ?
Près d’un tiers des événements indésirables
associés aux soins trouveraient leur
origine dans des dysfonctionnements de
l’équipe médicale. C’est dire l’importance
de la dynamique de groupe, que la HAS
affirme avec la mise en place de dispositifs
tels que « PACTE » (Programme d’amélioration
continue du travail en équipe), « Accréditation
en équipe » et les évolutions de la certification
des établissements.
Quels bénéfices espérer ?
Selon la HAS, des programmes similaires
lancés aux États-Unis ont permis de réduire
de 18 % la mortalité, grâce, notamment, à la
mise en place de briefings d’équipe réguliers.
« Deux types d’outils sont à attendre, explique
Sophie Garcelon. D’abord une méthodologie
d’autoévaluation qui permettra aux équipes
d’identifier leurs points critiques et de définir
des axes d’amélioration, ensuite des formations
au leadership et à la communication. »
Comment intégrer ces projets dans
les démarches existantes ?
C’est tout l’enjeu car si l’équipe était le chaînon
manquant de la prévention, entre certification
des établissements et accréditation des praticiens,
elle ne doit pas devenir une contrainte
de plus. « Il faut faire du travail en équipe un
outil organisationnel. Si le PACTE et l’accréditation
en équipe sont intégrés à une
réflexion globale de gestion des risques,
ils peuvent devenir un formidable levier de
management et de cohésion. À l’inverse, mal
utilisés, ils peuvent se révéler néfastes et déstabiliser
équipes et personnels. Lier le « travail en
équipe » aux démarches de gestion des risques
de l’établissement d’une part et des médecins
d’autre part, sera la clé de la réussite… » •
*Asspro Conseil est une société de formation et de conseil, qui s’appuie sur des médecins pour développer la prévention
des risques dans les établissements de santé.
4]
Regards croisés
Des experts à vos côtés
Ils sont avocats, médecins, juristes… Chaque trimestre, Asspro Mag
va à la rencontre des spécialistes qui vous accompagnent dans la
gestion de contentieux. Pour ces premiers rendez-vous, la parole
au chef de pôle Jean-Marie Serwier, à l’avocat Philip Cohen et à
Perrine Bouvy, responsable du service sinistres.
Pour vous accompagner,
un médecin de votre spécialité
Chef de service en chirurgie
orthopédique dans une clinique
universitaire à Mons (Belgique), Jean-
Marie Serwier est depuis 2009 chef du
pôle orthopédie (membre inférieur) au
sein du Cabinet Branchet. Il coordonne
une quinzaine d’assistants-conseil qui
accompagnent chaque année plus de
400 chirurgiens orthopédistes mis en
cause en France et dans les DOM-TOM.
L’assistant-conseil, un autre regard
sur les faits
« La mise en cause d’un chirurgien suppose
une analyse médicolégale des faits, mais aussi
un point de vue plus technique sur l’environnement
opératoire, la gestion du bloc, la relation
au patient… Au sein de la plupart des compagnies
d’assurance, ces assistants sont des
médecins généralistes. L’équipe de défense
du Cabinet Branchet est composée de
spécialistes membres de sociétés savantes
et professeurs d’université. C’est une
garantie de sérieux vis-à-vis des experts judiciaires,
mais aussi un repère pour les assurés. »
L’assistant-conseil, un médecin à vos côtés
« Celui-ci ne se contente pas d’analyser le
dossier : il est un véritable interlocuteur pour
l’assuré. Un échange a lieu après réception
des premiers éléments pour reprendre les
faits sous l’angle médical. L’assistant-conseil
se nourrit de ces éléments pour argumenter
pendant l’expertise. Son rôle y est clé. L’assuré
expose les faits mais les interprétations
médicolégales sont portées par l’avocat
et l’assistant-conseil. Ultime préparation, un
briefing est réalisé avant la réunion d’expertise.
»
L’assistant-conseil, un soutien humain
« Certains de nos assistants-conseil ont déjà
connu eux-mêmes des mises en cause. Les
procédures constituent des épisodes souvent
traumatisants. Il faut trouver les mots justes,
faire preuve d’une empathie réelle, surtout
lorsque l’assuré vit sa première mise en cause.
L’expertise technique n’est qu’un pan du
soutien. »
L’assistant-conseil, un interlocuteur pour
améliorer vos pratiques
« L’assistant-conseil reste présent tout au long
de la procédure. Il apporte également un
regard pour améliorer les pratiques à plus
long terme. Après chaque dossier, il rédige
une fiche avec les points d’amélioration ainsi
que d’éventuelles formations qui pourraient
être proposées. Là encore, le conseil est
d’autant plus pertinent qu’il vient d’un pair. »
•
1 800
expertises traitées par le
Cabinet Branchet en 2012.
•
1 praticien est mis
en cause 1 fois tous les
4 ans en moyenne
1 fois tous les 2 ans
pour les orthopédistes
1 fois tous les 5 ans
pour les anesthésistes
1 fois tous les 18 mois
pour les neurochirurgiens.
Pour vous défendre aux mieux de vos intérêts
- Faites parvenir au plus tôt l’ensemble du dossier médical. Il est nécessaire pour vous
défendre. Les experts de votre défense doivent disposer de temps pour les étudier.
- Indiquez tous les faits. Parfois les praticiens ont peur d’être jugés et préfèrent rester
vagues. L’information est l’élément-clé de la défense. Soyez le plus précis possible.
- Soyez acteur de votre défense. Il est important que vous suiviez de près les différentes
étapes de la procédure. Profitez de l’équipe qui vous soutient : il existe une cohésion forte
entre le juriste, l’avocat et l’assistant-conseil.
Jean-Marie Serwier
Chef de pôle
Chirurgien orthopédiste
L’assistant-conseil
ne se contente
pas d’analyser
le dossier, il
accompagne et
coache l’assuré.
LES
3 RÈGLES
D’OR
5]
Regards croisés
Le point de vue de l’avocat
Avocat associé au sein du C abinet Auber, Maître Philip Cohen
suit depuis près de 20 ans des dossiers liés à des mises en cause
de médecins, particulièrement d’anesthésistes.
L’avocat, un défenseur et un spécialiste
« Quand il est mis en cause dans son exercice,
le praticien a besoin d’avoir avec lui un
expert en droit, mais aussi un spécialiste de
son domaine de compétences. Un avocat
qui comprenne l’exercice de l’art. Depuis
20 ans que nous bâtissons une défense
dédiée à la profession d’anesthésiste, nous
avons vu l’importance de cet accompagnement.
Nous savons repérer les points forts
et faibles d’une prise en charge et évaluer
les conditions du travail d’équipe… Nous
allons directement à la réalité de fait en pleine
conscience. »
L’avocat, un chef d’orchestre
au service du dossier
« L’image nous correspond bien car nous
nous situons à la croisée de la lecture médicolégale
et de l’expertise médicale. Nous
rassemblons les différents éléments pour
reconstituer la chronologie et faire ressortir
les points critiques. Nous ne jugeons pas
les faits, mais en recherchons la cohérence.
La collaboration avec les assistants-conseil
est stratégique. Les dossiers médicaux
incomplets ou mal remplis sont l’une de
nos principales difficultés. Le praticien ne peut
alors qu’être cru sur parole. Heureusement, les
recommandations et conseils de prévention
font évoluer les pratiques. »
L’avocat, un partenaire en continu
« L’avocat est auprès de son client tout au
long du dossier. Ça doit être une véritable
dynamique d’échange. C’est particulièrement
vrai lors des procédures pénales.
Même si elles sont rares (5 à 10 cas par an)
et si la plupart de ces procédures finissent
par des non-lieux ou des relaxes, ce n’est
jamais facile de faire face à un juge. »
L’avocat, un acteur de la prévention
sur le long terme
« Peu connu, c’est l’un des aspects de notre
travail qui me tient le plus à coeur car il relève
de notre démarche d’accompagnement.
Après chaque dossier, on échange avec
l’assuré et on essaie de tirer les enseignements-
clés de la mise en cause. Nous lui
faisons des recommandations. L’idée est de
cibler les zones grises où les risques sont les
plus fréquents. »
En matière de risque
médical, une défense
de spécialiste est
déterminante.
Notre
recommandation :
nous faire confiance.
Le point de vue du juriste
Juriste senior, et récemment nommée responsable du service sinistres au sein
du Cabinet Branchet, Perrine Bouvy a suivi pendant plus de 11 ans des dossiers
de contentieux. Le cabinet compte une quinzaine de juristes, pour gérer
les 7 500 dossiers en cours.
Le juriste, point d’entrée de l’assuré
« Nous sommes les tout premiers interlocuteurs
en cas de mise en cause. Nous participons,
avec le directeur médical, à l’analyse
du dossier afin de décider de la stratégie
à adopter et notamment pour envisager
une éventuelle issue amiable. Ces procédures
à l’amiable ne sont proposées que
lorsque la responsabilité du praticien peut
être retenue et ne sont jamais engagées sans
son accord. »
Le juriste, garant de la juste évaluation
des préjudices
L’évaluation financière du risque est un aspect
technique assez « invisible » pour l’assuré mais
il est essentiel en cas de condamnation.
Le juriste, fil rouge de la procédure et
personne « ressource » pour les assurés
« Nous sommes l’interlocuteur permanent tout
au long de la gestion des dossiers – qui durent
7 ans en moyenne – et l’interface entre tous les
acteurs de la défense. L’assuré doit pouvoir
déstresser et se décharger de la gestion du
dossier. C’est essentiel car certains praticiens
vivent 24 h/24 avec leur affaire en tête.
On leur dit souvent que leur cas n’est pas isolé,
on essaie de les rassurer. »
Notre recommandation
Nous faire confiance, prendre du recul et
profiter du réel « esprit d’équipe » entre juriste,
avocat et assistant-conseil. •
Philip Cohen
Avocat au barreau de Paris
Perrine Bouvy
Responsable du service
sinistres au Cabinet Branchet
6]
Zoom
Consentement éclairé
Quelles garanties pour le
praticien
?
L’information est censée protéger contre le risque juridique
d’éventuelles complications ; mais le défaut d’information est
de plus en plus retenu à charge dans les procédures. Asspro Mag
détaille les éléments-clés d’emploi du formulaire.
Étape incontournable de la prise en
charge chirurgicale, le formulaire de
consentement éclairé fait aujourd’hui
l’objet d’un nombre grandissant de litiges
et plaintes à l’encontre de praticiens. En
cause ? Tout d’abord le renversement
jurisprudentiel, en 1997, de la charge de la
preuve en matière d’information, laquelle
preuve incombe désormais au praticien.
Puis plus récemment le fameux arrêt de
la Cour de cassation de 2010 instaurant
le défaut d’information comme préjudice
moral autonome. Mal informer un
patient n’était jusqu’alors sanctionnable
que si les conséquences dommageables
étaient avérées. Désormais, une simple
information mal transmise – sinon mal
comprise – pourrait suffire à condamnation.
Pierre angulaire de ce nouveau paradigme
de l’information du patient, le
formulaire de consentement concentre
toutes les attentions. Porté par un cadre
juridique assez large (celui de la loi du
4 mars 2002, dite loi Kouchner), il était
géré pragmatiquement par les praticiens.
En 2013, un arrêt de la Cour de
cassation a condamné un chirurgien
pour n’avoir pas informé des « risques
précis » de l’acte. « On constate une
exigence croissante des juridictions
relative à la preuve de l’information,
qui se heurte à la réalité de la pratique
de la médecine et à la durée d’une
consultation », confirme Maître Georges
Lacoeuilhe, avocat au barreau de Paris
spécialisé dans le risque chirurgical (voir
interview ci-contre). Difficile en effet d’être
exhaustif sur des actes opératoires
souvent complexes en 15 à 20 minutes
de consultation en moyenne…
Comment, dès lors, garantir un juste
partage de l’information et de la prise de
décision entre praticien et patient ? « Il est
nécessaire de s’adapter aux exigences
jurisprudentielles et d’instaurer de nouveaux
éléments de preuve de cette information »,
conseille l’avocat. Certaines sociétés
savantes proposent ainsi des fiches d’information
types à joindre aux formulaires
et à faire signer. Asspro Scientifique met
également depuis un an à disposition
sur son site Internet (www.assproscientifique.
fr), des fiches d’information
préopératoire rédigées et validées par
ses experts pour accompagner le praticien
dans sa démarche d’information. « Elles
sont utiles mais le consentement reste
avant tout un exercice de communication
pour le praticien », témoigne Michel
Milaire, chirurgien orthopédiste au CHU de
Grenoble et ancien chirurgien libéral. « On
ne peut détailler toutes les complications,
en 20 minutes. Il faut savoir mettre en avant
les principaux risques et impliquer le patient
pour qu’il n’ait pas l’impression de signer un
simple contrat d’assurance. »
C’est bien là tout l’enjeu du consentement
: constituer une garantie juridique
concernant une obligation d’information
pour le praticien, sans pour autant dénaturer
la nécessaire relation de confiance
avec le patient. « Il ne faut pas hésiter
à profiter de ce moment pour se mettre
à son écoute, faire des schémas si
besoin », complète Michel Milaire. L’intérêt
de ce temps du consentement est
d’abord d’être un moment de vérité où
le praticien peut se mettre à la place du
patient, adopter son point de vue. Plus
que l’exhaustivité, c’est cet échange qui
reste le principal déterminant d’un consentement,
à proprement parler « éclairé ».
Le consentement
électronique d’ici
la fin 2013 !
D’ici la fin de l’année 2013,
Asspro Scientifique mettra à la
disposition de ses adhérents un
circuit électronique pour recueillir
le consentement éclairé des patients.
Le consentement électronique,
c’est quoi ?
Le dispositif repose sur un site
dédié : www.assproconsentement.fr.
Chaque praticien adhérent y
disposera d’un accès individuel
sécurisé qui lui permettra
de télécharger les fiches
d’information préopératoire et
document de consentement
éclairé déjà disponibles sur le
site d’Asspro Scientifique
(www.assproscientifique.fr).
Quels avantages pour le patient ?
Le patient qui choisira d’opter pour
ce circuit, lors de la consultation,
disposera d’un code d’accès
adressé par e-mail. Il pourra
consulter la fiche d’information de
l’intervention proposée, ainsi que
compléter en ligne le document de
consentement grâce à un procédé
de signature électronique.
Quels avantages pour le praticien ?
Le praticien n’aura plus besoin
de remettre de documents papier
et pourra piloter le suivi à distance.
Un système d’alertes régulières
l’avertira des consentements non
signés avant l’opération. Il pourra
également archiver de manière
automatique et sécurisée les
documents dans un coffrefort
électronique proposé par
un prestataire agréé, hébergeur
de données de santé. Finis les
problèmes de stockage et les
risques de perte ou de destruction
de consentements. Ils resteront
accessibles pour le praticien
et pourront être transmis
à l’assureur en cas de mise
en cause.
Le consentement
constitue une garantie
juridique pour le médecin
sans pour autant
dénaturer la relation de
confiance avec le patient.
7]
Zoom
Interview
Avocat au barreau de Paris, spécialiste du risque chirurgical, Maître
Georges Lacoeuilhe est l’un des avocats référents du Cabinet Branchet depuis
plus de 20 ans. Il analyse les principes et limites du consentement éclairé.
Comment expliquez-vous que les formulaires ne soient pas toujours correctement
remplis ?
G.L. Le formulaire de consentement est un document très important. Parfois, les fiches d’information
sont incomplètes ou pas signées. Il faut avoir conscience que le défaut d’information
est la principale raison de mise en cause d’un praticien quand il n’y a pas de faute technique.
Et le consentement, la meilleure manière de se couvrir.
Jusqu’où faut-il être exhaustif ?
G.L. C’est la grande question. Les Américains peuvent faire signer jusqu’à 50 pages d’informations
avec schémas et images. On n’en est pas là en France : la loi précise d’indiquer les
« risques graves et fréquents ». Seules les interventions de chirurgie esthétique doivent
mentionner l’ensemble des complications fonctionnelles. La fréquence admise se situe
généralement à un niveau d’incidence de 5 % – c’est la définition médicale commune –. Un
tribunal a même récemment estimé qu’un risque d’une fréquence de 1 % devait être considéré
comme fréquent ! Et donc faire l’objet d’une information ! Mais bien heureusement ce type de
décision paradoxale est rare. De même, le cheminement thérapeutique n’a pas à être détaillé
car il doit figurer dans le dossier médical strito sensu. En revanche, il peut être inscrit dans un
courrier adressé au médecin traitant.
Comment s’assurer que les informations ont été bien comprises ?
G.L. C’est la limite de l’exercice. Une étude réalisée il y a quelques années par le Pr Dumontier
(CHU Saint-Antoine à Paris) sur plusieurs centaines de patients en chirurgie orthopédique, a
montré qu’un mois après l’intervention, la plupart des patients ne se souvenaient pas de ce
qui avait été dit et expliqué ! Certains patients refoulent, ou oublient les informations liées aux
risques, d’autres ne les comprennent pas tout… Il est quasi impossible de prouver ce qui est
compris. Il est donc indispensable de faire signer les fiches d’information.
Justement, les exigences grandissantes des tribunaux en matière de consentement
vous inquiètent-elles ?
G.L. Ce qui m’inquiète est la tendance consumériste d’une pratique des soins dans laquelle
toute complication, ou tout résultat décevant aux yeux du patient, génère un contentieux.
Le consentement doit être ainsi utilisé comme un moyen d’explication de l’acte de soins,
lequel comporte toujours une incertitude, un aléa.
Il devient ainsi un mode de communication essentiel, et de protection juridique indispensable.
Parfois, certaines juridictions ne prennent pas en compte que l’acte de soins est à la
base un acte humaniste et empathique. À ce titre, face à l’angoisse du patient, les praticiens,
dans notre pays, ont encore le courage de porter cette angoisse et de ne pas dire brutalement
certaines choses difficiles à supporter pour le patient. C’est à leur honneur. Il leur incombe
cependant, dans le contexte sociétal qui est le nôtre, de se protéger : porter la part d’angoisse
du patient, oui, mais pas le risque juridique.
Comment bien intégrer ce consentement dans sa pratique de chirurgien
ou d’anesthésiste ?
G.L. Le plus simplement possible. Il est important de se conformer aux normes de ce formulaire,
car c’est le meilleur moyen de se protéger. Mais il ne faut pas le faire au détriment de
l’humanisme du praticien et de la relation de confiance qui restent la signature de l’excellence
médicale française. •
Le consentement
éclairé est l’élément
essentiel du
dossier médical.
Maître Georges Lacoeuilhe
Avocat au barreau de Paris
Un consentement
incomplet ou inexistant
8]
•
Focus
Formation des assistantes médicales
Pourquoi Asspro propose-t-elle une formation
dédiée aux assistantes ?
V.T. Parce qu’elles sont essentielles pour accompagner et consolider
notre relation aux patients, même si l’on a trop tendance à
l’oublier ! Ce sont elles qui assurent la traçabilité des données du
patient, qui les classent et les archivent. Et on sait ce que peut
coûter un document manquant dans une procédure de contentieux…
Elles sont aussi notre « troisième oeil » du fait de leur lien
continu avec le patient. Elles entendent ses plaintes ou ses doutes,
peuvent le rassurer, nous alerter ou parfois même désamorcer des
situations tendues. Or la plupart du temps, elles ne bénéficient pas
de formation sur les deux thèmes cruciaux de la traçabilité des
données et de la gestion des patients difficiles.
En quoi consiste la formation ?
V.T. Il faut déjà savoir que cette formation existe depuis près
de 2 ans et qu’entre 100 et 150 assistantes en ont bénéficié.
Le programme se découpe en une matinée théorique, où l’on
présente les documents et procédures-clés que les assistantes
doivent connaître pour gérer la traçabilité des données. L’aprèsmidi
est plus dédiée à la gestion du patient difficile avec des
mises en situation et jeux de rôles.
Cette formation s’inscrit dans la volonté d’Asspro de sensibiliser
les acteurs de soins à la notion de « facteur humain ». Cette notion
vous paraît-elle de mieux en mieux perçue ?
V.T. Oui. Pendant longtemps, les praticiens ont sous-estimé
l’importance de ce facteur « humain » dans le déclenchement de
procédures. Grâce aux nombreuses formations que nous proposons,
ils perçoivent de mieux en mieux qu’ils peuvent agir sur
ce facteur humain… et même en tirer profit pour améliorer leurs
pratiques au quotidien. •
Les rendez-vous
des Journées Asspro
Journées par spécialité : périnat,
rachis, ortho, plastie, chirurgies*
- Le 7 décembre 2013 à Paris.
- Le 8 février 2014 à Lyon.
- Le 8 mars 2014 à Bordeaux.
- Le 20 septembre 2014 à Marseille.
- Le 6 décembre 2014 à Paris.
* les journées périnat, plastie et chirurgies sont
labellisées en « Gestion des risques » par les OA.
Journées Asspro/Arres
- Le 16 novembre 2013 à Nancy.
- Le 18 janvier 2014 à Paris.
- Le 8 mars 2014 à Bordeaux.
- Le 17 mai 2014 à Nice.
- Le 13 septembre 2014 à Tours.
- Le 15 novembre 2014 à Genève.
Asspro IRCAD (coelioscopie)
- Le 13 décembre à Strasbourg.
Les dates de 2014 seront consultables sur le site
Asspro.
Relations praticien/patient
- Le 23 novembre 2013 à Paris.
- Le 22 mars 2014 à Lyon.
- Le 17 mai 2014 à Paris.
- Le 6 décembre 2014 à Paris.
Journée des assistantes médicales
- Le 15 novembre 2013 à Paris.
Week-end « Gestion du stress »
- Le 13, 14 et 15 juin 2014.
- Le 26, 27 et 28 septembre 2014.
Simulateur de vol
Aéroport Roissy - Charles-de-Gaulle
- Le 14 décembre 2013.
- Le 25 janvier 2014.
- Le 29 mars 2014.
- Le 17 mai 2014.
- Le 21 juin 2014.
- Le 25 octobre 2014.
- Le 13 décembre 2014.
Docteur Vincent Travers
Chirurgien orthopédiste
et vice-président d’Asspro.
Initiateur de la formation
« Assistantes médicales
est constaté dans 46 %
des dossiers du Cabinet
Branchet…
…Pour les anesthésistes,
dans seulement 20 %
des cas.
Les assistantes médicales
sont notre troisième oeil !
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